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L'actualité des podologues

Interview de Philippe Mouiller, sénateur des Deux-Sèvres et président de la Commission des Affaires sociales au Sénat



Nous vous remercions d’avoir répondu à notre sollicitation, Monsieur le Sénateur, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?


Comme vous le savez je m’appelle Philippe Mouiller, je suis sénateur des Deux-Sèvres, depuis 9 ans. De plus, je suis le Président de la Commission des Affaires Sociales du Sénat.


En tant que président de la Commission des Affaires Sociales du Sénat, quel est le rôle exact de cette commission et en quoi consiste-t-elle ?


La Commission exerce beaucoup de rôles. D’ailleurs, elle est constitutionnellement organisée de façon similaire à celle de l’Assemblée nationale. Elle a vocation dans un premier lieu, d’être un espace de dialogue et de travail autour de textes de lois. Avant tout des textes de lois qui proviennent du gouvernement, des projets de lois pour lesquels nous sommes saisis sur le fond pour un certain nombre de sujets, ou des propositions de loi qui sont portés par les parlementaires. Les sujets de la Commission des Affaires sociales sont très vastes. Cela concerne bien entendu, les enjeux de santé, mais aussi le médico-social, l’ensemble du volet emploi et formation, celui de l’économie sociale et solidaire, et même le dossier des anciens combattants.


Vous avez évoqué vos rapports et vos liens avec le gouvernement, nous avons un nouveau ministre qui vient d’être nommé, pourriez-vous préciser comment vous travaillez avec eux ?


En tant que président, j’ai des relations assez proches avec les différents ministres, alors récemment il y a eu du changement c’est vrai ! Mais, nous avons des relations assez rapprochées que cela soit sur des sujets de prospective, d’évaluations ou parfois des discussions à propos des diverses problématiques, et  sur lesquelles nous souhaitons échanger. Cela peut aussi arriver dès lors qu’il y a un texte en rapport avec la Commission, dans ce cas nous avons un rapport particulier avec le ministre. Cela peut être des échanges de co-construction ou des échanges d’oppositions. Il y a quand même un lien privilégié entre la Commission et les ministères concernés par la thématique de la Commission.


Aujourd’hui, face à la multiplication des déserts médicaux, il nous faut trouver collectivement des solutions pour que nos compatriotes soient correctement soignés, comment voyez-vous les choses ?


Alors, c’est un sujet particulièrement important, je rappelle que l’accès aux soins est, aujourd’hui, la première préoccupation des Français. Notre réaction collective est assez tardive. D’abord, je dirais qu’il faut traiter le sujet dans sa globalité. C’est-à-dire qu’aujourd’hui nous avons une multiplication de propositions ou projets de lois qui vont régler petits bouts par petits bouts un certain nombre de sujets, qui ont vocation à donner un meilleur accès aux soins.


Le gouvernement a fait évoluer un certain nombre de choses avec la fin du numerus clausus, mais je pense que la première difficulté, d’ailleurs pas simplement pour l’accès aux soins ou la désertification médicale, mais pour la santé dans son ensemble, est le manque d’un texte global. Nous n’avons pas de vision globale, on traite les choses ponctuellement, par morceaux. Je pense que l’urgence aujourd’hui sur toute cette thématique là, c’est d’avoir une vraie réforme de fond, globale.


De plus, on sait qu’il existe de nombreux blocages, tant législatifs que corporatifs, sur tous ces sujets. Comment peut-on essayer de faire sauter les verrous sans avancer sur un sujet tout en reculant sur un autre, comme vous l'avez mentionné ?


Je pense que, quelque part, je vous ai déjà donné la réponse. J'aurais tendance à dire que le volet législatif est le moins contraignant, pourvu qu'il y ait une véritable volonté politique et une mobilisation effective des acteurs politiques, avec une capacité à fédérer. Quant à l'aspect corporatif, nous en sommes conscients ; c'est un débat de corporation. La meilleure approche, selon moi, consiste à élaborer un projet de santé ambitieux, abordant les priorités. À partir de là, nous pouvons entamer une discussion entre professionnels de la santé sur l'accès aux soins. Il est essentiel que tous trouvent un avantage, avec une plus-value dans un domaine ou un autre, pour parvenir à fédérer et faire progresser les choses. Tant que nous traitons chaque profession de manière isolée, nous continuons à opposer les éléments, engendrant inévitablement des frustrations. En revanche, une approche globale permettrait de redéfinir la place de chacun et d'orienter l'évolution avec une vision d'ensemble. Les enseignements tirés des avantages et des inconvénients seront toujours présents. À mon avis, c'est la meilleure approche, bien que nous ne l'atteindrons jamais à 100%, face à l'urgence que nous vivons. Il est essentiel d'avoir un projet ambitieux traitant le sujet dans sa globalité.


Dans les mesures possibles et les propositions envisageables, pensez-vous qu'une redéfinition du périmètre des compétences de chacun pourrait être envisagée ?


Oui, cela pourrait être envisagé, mais uniquement dans le cadre d'un travail global, englobant l'ensemble des professions, au sein d'une organisation, en se demandant dans quelles conditions cela pourrait être réalisé. Effectué profession par profession, cela serait difficile. C'est pourquoi je pense que la solution optimale réside dans une approche globale, permettant d'observer les évolutions dans le contexte actuel, différent de celui d'hier. Il est évident qu'en matière d'accès aux soins et de prescription, des évolutions sont nécessaires. De nombreuses thématiques doivent être traitées dans leur globalité. La situation est suffisamment complexe ; sans une réflexion sur l'organisation et la modernisation, résoudre les difficultés sera difficile, même en injectant davantage d'argent.


Pour aborder un problème spécifique à notre profession de podologue, nous vous avons remis un document contenant un certain nombre de propositions. Seriez-vous prêt à travailler avec nous pour examiner comment nous pourrions progresser ?


Tout d'abord, merci, car c'est un travail intéressant mettant en avant à la fois vos soins et le périmètre de vos compétences. Je suis ouvert à cela, sans aucune difficulté, à condition que nous travaillions avec l'ensemble des acteurs. Bien sûr, la réponse est oui sur ces sujets, mais il est crucial de le considérer dans sa globalité.


C'est vrai, nous avons des syndicats de médecins qui nous soutiennent et sont prêts à travailler sur ces sujets. Donc, effectivement, si nous pouvons les intégrer dans d'autres organisations, cela pourrait être intéressant.


Exactement. Nous sommes en partie en train de travailler sur l'ossature, c'est la contribution que j'essaie d'apporter en tant que président de la commission des affaires sociales.



Merci d'avoir répondu à nos questions.


Interview menée en février 2024 par M. Bruno Salomon.

Remerciements : M. Philippe Mouiller et son cabinet.


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