Faire face aux agressions des patients : un enjeu de sécurité pour les pédicures-podologues
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- il y a 19 heures
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Insultes, menaces, agressions physiques ou verbales : ce que certains considèrent comme des "écarts de comportement" est devenu, pour de nombreux professionnels de santé, une réalité récurrente. Les pédicures-podologues, exerçant le plus souvent seuls en cabinet, sont particulièrement exposés. Pourtant, les outils pour prévenir, réagir et se protéger existent.
Une violence bien documentée, qui n’épargne aucun professionnel de santé
Selon le rapport 2024 de l’Observatoire National des Violences en Santé (ONVS), 20 961 signalements d’actes violents ont été enregistrés en 2023 dans les structures et établissements de santé. Cela représente une hausse de 6,6 % par rapport à l’année précédente, confirmant une tendance à la hausse des violences subies par les professionnels de santé.
Depuis fin 2020, le dispositif de recueil de l’ONVS a été élargi à l’exercice libéral, permettant aux professionnels de santé en cabinet, dont les pédicures-podologues, de signaler directement les agressions physiques ou verbales subies dans le cadre de leur activité.
Source : ONVS – Fonctionnement du signalement
L’Ordre national des pédicures-podologues (ONPP) rappelle également que la violence envers les soignants ne se limite pas à l’hôpital. Dans une communication officielle, il indique que « chaque jour, 65 professionnels de santé sont victimes d’agression physique ou verbale », et souligne que « aucune profession n’est épargnée », y compris les pédicures-podologues. Il met en place des modèle d'affichage pour les salles d'attentes dans les cabinets.
Source : ONPP Actualités
Comprendre pour mieux prévenir
Les agressions prennent différentes formes :
refus de paiement avec menace,
insultes à la suite d’un refus de soins,
patients en crise psychologique ou psychiatrique sans accompagnement,
comportements violents d’accompagnants.
Dans un contexte de surcharge du système de soins et de montée des tensions sociales, la solitude du cabinet libéral rend ces situations d’autant plus dangereuses et difficiles à gérer.
Les bons réflexes en cabinet
Quelques principes de précaution recommandés par la HAS et l’INRS :
Aménager le cabinet pour préserver un accès à la sortie, sans obstacle.
Éviter de se retrouver bloqué entre un fauteuil et un mur.
Conserver un poste de travail qui protège et isole partiellement.
Conserver une communication posée et cadrante, en affirmant calmement les limites professionnelles.
Ne jamais laisser les instruments de travail à porté de main ( bistouries, pinces ) qui peuvent être une arme.
Avoir le téléphone à porté de main
Toujours fermer le cabinet lorsque le dernier patient de la journée est parti.
Numéro utiles en cas d'agression :
Exemple de formulation utile :
"J’entends votre mécontentement, essayons d’en parler calmement..."
Des formations DPC concrètes existent
Des formations continues sont proposées dans le cadre du Développement Professionnel Continu (DPC). Deux formations particulièrement adaptées sont recommandées :
1. Formation EduPrat – Réf. DPC 57202425599
"Gestion de la violence et de l’agressivité du patient et de son entourage"
Durée : 8 h – Présentiel
Organisme : EduPrat
Couvre : analyse comportementale, droit, gestion d’incident.
Prise en charge intégrale + indemnisation
2. Formation M‑Soigner – Réf. DPC 83802325008
"Gestion de l’agressivité des patients et de leur entourage"
Organisme : M‑Soigner
Durée : 7 h – Présentiel
Approche pratique et pluridisciplinaire
Ces formations sont 100 % prises en charge, indemnisées, et applicables immédiatement au contexte du cabinet.
Le rôle des structures territoriales : URPS et CPTS
- URPS
Certaines URPS régionales (Unions Régionales des Professionnels de Santé) proposent :
des ateliers de gestion de conflit animés par des professionnels de la sécurité (ex. gendarmerie, psychologues),
des financements pour l’achat de dispositifs de sécurité (caméras, alarmes, boutons d’alerte).
Source : URPS IDF
Exemple :
L’URPS Médecins Libéraux Île-de-France a proposé un financement jusqu’à 15 000 € pour des travaux de sécurisation, et des ateliers thématiques “Violences aux médecins : STOP !” Les pédicures-podologues peuvent s’inspirer de ces dispositifs et contacter leur URPS régionale pour adapter ces mesures à leur exercice.
Source : URPS IDF
- CPTS
Les CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) offrent un cadre de coordination interprofessionnelle.
Elles peuvent :
orienter des patients difficiles vers des structures adaptées,
proposer un accompagnement psychologique aux soignants victimes,
encourager le signalement collectif des situations à risque sur un territoire.
Proposer des formations pour les soignants du territoire.
Que faire en cas d’agression ?
Sécurisez la situation et, si nécessaire, interrompez la consultation.
Rédigez un compte-rendu factuel : date, heure, faits, témoignages éventuels.
Signalez l’agression à l’ONVS
Déposez plainte si vous estimez que la situation le justifie.
Contactez votre assureur pour connaître les éventuelles garanties (assistance juridique ou psychologique).
L’Union des Podologues agit à vos côtés
L’Union des Podologues :
alerte les tutelles sur la solitude croissante des praticiens en cabinet face à la montée des tensions,
encourage la prise en charge systématique des formations DPC en lien avec la sécurité et la gestion de crise,
œuvre à développer des partenariats avec les URPS et les CPTS pour renforcer les dispositifs de protection,
vous informe régulièrement sur les outils juridiques, institutionnels et pratiques à votre disposition.
Conclusion :
Face aux agressions, l’isolement n’est pas une fatalité. Des outils existent : formation, sécurisation du cabinet, relais territorial, accompagnement syndical. Il est important que chaque pédicure-podologue se saisisse de ces ressources pour protéger sa pratique et préserver son exercice.
Adhérez à l’Union des Podologues pour bénéficier d’un relais actif, d’un accompagnement concret et d’une force collective face à ces enjeux croissants.
L’adhésion est de 95 euros par an, entièrement déductible des charges professionnelles.
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