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L'actualité des podologues

Interview exclusive - Le Grand Témoin ⎢ M. Jean-Pascal BEAUMONT, Directeur de l'École d'Assas

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  • 9 oct. 2024
  • 3 min de lecture


Bruno Salomon : Bonjour Jean-Pascal, vous êtes directeur de l'IFPP, l'Institut de formation en pédicure et podologie à l'école d'Assas. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?


Jean-Pascal Beaumont : Je suis pédicure podologue depuis maintenant plus de 40 ans. J'ai eu plusieurs cabinets et j'ai commencé à participer à l'institut de formation en tant que formateur sur le terrain de stage. Ensuite, j'ai pris des responsabilités au sein de l'institut, notamment en formation et examen clinique. Au fil du temps, j'ai été responsable des deuxièmes et ensuite des troisièmes années, puis je suis passé au poste de directeur. J'ai des formations en sciences de l'éducation, une licence en sciences de l'éducation, un diplôme en pédicure et podologie du sport, et plusieurs autres formations complémentaires. Cela me permet de bien accompagner nos étudiants.


Bruno Salomon : Cela fait près de 40 ans que vous évoluez dans le monde de la podologie. Pouvez-vous nous dire quelles ont été les principales évolutions de la profession durant cette période ?


Jean-Pascal Beaumont : Il y a eu une meilleure reconnaissance du métier, et c'est important de continuer à pousser dans ce sens. Les écoles contribuent au développement et à la reconnaissance du métier, tant en France qu'à l'étranger. Cette reconnaissance passe par une approche plus scientifique des gestes du pédicure podologue. Au début, c'était souvent du tâtonnement, mais aujourd'hui, nous formons les étudiants à des gestes spécifiques, normés et validés.


Bruno Salomon : Quels éléments ont contribué à cette évolution de manière pratique ? Par exemple, l'amélioration des soins, l'introduction de la turbine, les semelles en 3D, l'interprofessionnalité, etc. ?


Jean-Pascal Beaumont : Les outils développés pour la pédicurie podologie ont rendu les gestes plus précis. La stérilisation s'est aussi beaucoup améliorée. La convention nationale avec l'assurance maladie a également joué un rôle important dans la reconnaissance de la profession par l'État, grâce au travail des syndicats.


Bruno Salomon : Dans votre quotidien de directeur d'institut, êtes-vous en relation avec les professionnels en activité ?


Jean-Pascal Beaumont : Oui, bien sûr. La majorité de nos formateurs sont des professionnels en activité, ce qui nous permet d'être en lien permanent avec le monde de la pédicurie podologie. Cela permet des retours d'expérience et des échanges sur les pratiques professionnelles.


Bruno Salomon : Avez-vous des relations avec les représentants des professionnels, comme l'Ordre ou les syndicats ?


Jean-Pascal Beaumont : Très peu. Nous invitons l'Ordre à venir faire un topo aux étudiants de troisième année pour présenter ce qui les attend. Les syndicats sont également invités à faire des représentations à l'école pour permettre aux étudiants de se faire un avis et de faire des choix.


Bruno Salomon : Ces dernières années, on a vu la création de nombreux instituts de podologie, mais aussi une diminution du nombre d'étudiants intéressés par cette formation. Comment expliquez-vous cela et comment y faites-vous face ?


Jean-Pascal Beaumont : On ne peut pas vraiment contrer cette tendance, on doit faire avec. Parcoursup n'a pas été la solution escomptée. La pédicurie podologie n'attire pas les étudiants, souvent à cause de la mauvaise image du métier. Nous organisons des journées portes ouvertes et des journées "vie-ma-vie" pour faire découvrir le métier aux étudiants potentiels. Cela permet de démystifier la profession et de susciter des vocations.


Bruno Salomon : Y a-t-il beaucoup d'abandons parmi les étudiants de première année ?


Jean-Pascal Beaumont : Oui, il y a pas mal d'interruptions de formation parce que les étudiants réalisent que ce n'est pas ce qu'ils attendaient. C'est compliqué car nous devons accompagner tous ceux qui entrent jusqu'au bout. Il y a un déficit de professionnels sortants des instituts.


Bruno Salomon : L'universitarisation de la formation est-elle une chance pour la profession ?


Jean-Pascal Beaumont : Le lien avec l'université peut être bénéfique, notamment pour permettre aux étudiants de poursuivre en master ou en doctorat. Nous avons un enseignant-chercheur en podologie à l'école d'Assas, ce qui favorise la reconnaissance du métier. L'université permet de compléter la formation et de mieux valoriser notre profession.


Bruno Salomon : Comment voyez-vous l'évolution de la profession avec l'apparition de l'intelligence artificielle et la vulgarisation des semelles plantaires comme produit de consommation courante ?


Jean-Pascal Beaumont : Sur les dix prochaines années, il est crucial que notre examen clinique devienne de plus en plus scientifique. Nous devons prouver scientifiquement nos pratiques pour garder notre place. À l'école d'Assas, nous faisons le lien entre la recherche et l'examen clinique. L'impression 3D est une étape importante, mais il faut que le pédicure podologue soit formé à ces outils. Nous devons proposer aux étudiants toutes les techniques existantes pour qu'ils puissent faire les meilleurs choix pour leurs patients.

 
 
 

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